Le rapport feuilles/fruits est critère plus pertinent que la densité de plantation
LA VIGNE : Vous venez de publier les résultats d’essais sur l’influence de l’écartement entre les ceps, sur le rang. Quelles sont vos conclusions ? François Murisier: « Nous avons fait ces essais sur du gamay et du chasselas dans deux centres en Suisse. Nous avons comparé le rendement, la teneur en sucre et l’acidité des moûts pour des ceps écartés de 75cm et de 100 cm, La hauteur foliaire variait de 80 à 120 cm, et la distance entre les rangs de vignes de 120, 150 et 180 cm. Les résultats obtenus montrent que la distance entre les ceps, sur un même rang, n’a pas d’effet sur la qualité des vins dans la mesure où tout le plan de palissage est occupé par la végétation.» Et l’influence de l’écartement entre les rangs ? F.M. : « La distance entre les rangs a, en revanche plus d’importance. Nous avons réalisé un essai avec quatre distances différentes entre les rangs : 120 cm, 160 cm, 200cm et 240 cm, avec une espace fixe entre deux ceps de 85 cm. La haie foliaire variait entre 75 et 125 cm. Résultat: plus on écarte les rangs, plus il faut laisser de la hauteur à la vigne pour qu’il y ait une bonne surface foliaire. On peut difficilement aller au-delà de 2 m entre deux rangs de vignes, car il faudrait alors des haies foliaires trop hautes qui seraient difficilement mécanisables. Dès qu’on a un écartement de 2,50 m, on doit baisser le rendement pour avoir un rapport feuilles/fruits correct. Ou alors on dédouble les rangs pour obtenir une vigne en lyre, qui donne de bons résultats sur le plan physiologique, mais dont la mécanisation est difficile. A noter que la variation de l’écartement entre les rangs n’a pas eu d’effet marqué sur la fertilité des bourgeons, le poids des baies et les composants de l’acidité des moûts. » Quel est le paramètre le plus important à prendre en compte ? F.M. : « C’est le rapport feuilles/ fruits. Selon les cépages, il faut respecter 1 à 1,2 m² de feuilles par kilo de raisin produit. Le rapport feuilles/fruits, ou SCEV/PR (surface externe du couvert végétal/production), se calcule facilement. Pour la SCEV on procède de la manière suivante : hauteur du feuillage x 2 + largeur du feuillage le tout divisé par l’écart (en mètres) entre deux rangs. Pour avoir le rapport SCEV/PR, on divise la SCEV par le rendement en kg.» Si on s’écarte du rapport 1 à 1,2 m²/kg, quels sont les risques ? F.M. : « Il est inutile d’aller au-delà de 1,2 m² de feuilles par kilo de raisin, car la vigne est alors trop vigoureuse, avec tous les effets néfastes sur la maturité que cela peut engendrer. En dessous de 1 m²/kg. on s’expose à un déficit en sucre. Les racines manquant de réserves, on observe souvent un phénomène de chlorose l’année d’après, dans les situations exposées à cet accident.» Quels conseils donneriez-vous à un vigneron qui va planter une vigne ? F.M.: « Il faut déjà regarder le rendement maximal souhaité, puis définir un écartement entre les rangs adapté à son matériel. Ensuite, on fixe la hauteur du feuillage. L’écartement entre les ceps, sur le rang, dépend du mode de taille choisi et ne joue pas de rôle prépondérant sur la qualité. » Ces résultats confirment donc ceux publiés précédemment. Le respect du rapport feuilles/fruits est le principal critère de qualité? F.M. : « Oui, en tout cas pour l’accumulation des sucres. Il faudrait également bien analyser les effets des différents modes de conduite de la vigne sur les polyphénols et les arômes. Ces composés évoluent souvent parallèlement au sucre. La notion de densité de plantation doit être considérée en la mettant en relation avec la surface foliaire. » En France, l’Inao préfère se focaliser sur la densité de plantation comme critère qualitatif, estimant qu’il est difficile de codifier la notion de rapport feuilles/ fruit dans un décret. Qu’en pensez-vous? F.M. : « J’ai fait partie de la commission d’experts nominés par l’lnao (Institut national d’origine contrôlée) sur les vignes en espalier. Nous avions alors estimé que l’essentiel était d’avoir 1 à 1,2 m² de feuilles pour produire 1 kg de raisin. En respectant ce critère, il est également possible de produire des vins qualitatifs avec des vignes hautes et larges. La commission technique de l’lnao avait entendu ce message et était d’accord avec nos conclusions, mais trouvait ce concept plus difficile à mettre en oeuvre, C’est vrai que la notion de SCEV/PR est un paramètre moins facile à appréhender que la densité de plantation, qui ne bouge pas d’année en année. Néanmoins, sur des vignes palissées comme c’est le cas dans de nombreux vignobles en France, on peut assez facilement observer une surface foliaire. C’est moins facile pour les vignes en gobelet du sud de la France. La notion de surface foliaire est plus moderne et plus juste, mais plus délicate à contrôler.» * Président de la commission viticulture à roiv |
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Extraits du BILAN DES EXPERIMENTATIONS DENSITE DE PLANTATION 1962 - 1995 CHAMBRE
D'AGRICULTURE DE SAONE ET LOIRE |
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- INFLUENCE SUR LES TEMPS DE TRAVAUX Des observations réalisées en 1972 donnent les résultats suivants (sur l'essai de Givry en heures/ha) :
- CONCLUSION Les résultats obtenus de 1962 à 1979 sur
différents sites d'expérimentations viticoles n'ont
pas permis de trancher de façon nette entre les niveaux de
qualité obtenus dans les vignes larges et dans les vignes traditionnelles. II est certain que les densités de plantation faibles ont un effet direct sur :
CONCLUSION GENERALE S'il est peu aisé de dégager des différences nettes sur les critères de production et de qualité, il est net que les vignes larges conduisent à des réductions de charges importantes sur les exploitations. Le débat se situe donc bien à ce niveau, beaucoup plus qu'au niveau technique proprement dit. |
Utilisation de matériel classique type
verger ou grande culture
Enherbement des inter rangs |
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Lutte contre l'érosion |
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Amélioration des conditions du travail manuel |
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Diminution du temps de travail |
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Diminution des risques de gel et des dégâts
dus à la grêle
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Meilleure résistance aux variations climatiques
brutales
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Meilleur état sanitaire des grappes et du feuillage |
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Meilleure expression du terroir et diminution
de la |
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L'approche humaine
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Ce mode de conduite est un des moyens , de conserver des petites exploitations et même de les favoriser. La course à l'agrandissement n'est plus une nécessité comme c'est le cas en vigne étroite si on veut en AOC régionales pouvoir s'équiper correctement. L'installation des jeunes ne peut qu'être facilitée. |